jeudi 10 février 2011

Pollution à Madrid

Comment les Français voient le problème de la pollution à Madrid : un article du Figaro.fr (cliquer ici).

Les Madrilènes ne supportent plus la «boina»

Mots clés : Pollution, ESPAGNE, MADRID
Par Mathieu de Taillac
10/02/2011 | Mise à jour : 11:59
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La «boina», la brume obscure qui recouvre Madrid, fait l'objet d'un débat en Espagne.
Crédits photo : SERGIO PEREZ/REUTERS
La capitale espagnole est recouverte par un épais champignon de pollution.

À Madrid
Les Madrilènes l'appellent la «boina», le béret. L'épais nuage noir qui coiffe la capitale espagnole est un compagnon familier de ses habitants. Le prix du tout-voiture, un modèle adopté dans les années 1960 en gage de modernité… et jamais remis en cause par les différentes équipes municipales. Depuis quelques semaines, pourtant, la brume obscure accapare journaux et conversations.
À Madrid, mais aussi à Barcelone ou à Valence, écologistes, autorités administratives et médecins s'inquiètent des niveaux de dioxyde d'azote (NO2). Ce gaz, dû essentiellement au trafic automobile, dépasse régulièrement les limites fixées par l'Union européenne et l'Organisation mondiale de la santé. La Société espagnole de pneumologie dénonce de «graves risques» sanitaires. Selon la Commission européenne, chaque année, 16.000 personnes mourraient prématurément en Espagne à cause de la pollution atmosphérique.
Accusations contre la Mairie
La capacité de réaction des responsables politiques face aux pics de pollution s'est avérée très limitée. Lundi dernier, la Mairie de Madrid a pris pour la première fois une mesure préventive. Face à la menace d'une augmentation des taux de NO2, les automobilistes ont été invités à emprunter les transports en commun. Mais les messages affichés sur les panneaux de la M30, la rocade madrilène, n'ont eu aucun effet. À Barcelone, le gouvernement régional a préféré limiter la vitesse à 80 km/h sur les voies d'accès, sans obtenir davantage de résultats. Du coup, les autorités locales en sont réduites à attendre la pluie. Car l'anticyclone qui s'est installé sur la Péninsule empêche la dispersion du brouillard.
Les administrés reprochent aux élus des grandes villes leur inaction et leurs dénégations. Le maire de la capitale est au centre des accusations. Le conservateur Alberto Ruiz Gallardón avait promis en 2006 de prendre le taureau par les cornes. Un arrêté municipal devait interdire aux véhicules de plus de 13 ans d'accéder au centre-ville. Cinq ans plus tard, le projet est toujours dans les cartons. Pis, Gallardón est accusé d'avoir maquillé les résultats des détecteurs de la ville: l'an dernier, 12 de ces 27 machines ont été déplacées. Les instruments de mesures jugés trop proches des gaz d'échappement ont été installés… dans des jardins publics! Le scandale commence à intéresser la justice. Le ministère public a annoncé hier qu'il lancerait une investigation sur les niveaux de pollution des métropoles espagnoles. Le parquet a d'ores et déjà réalisé ses propres mesures à Madrid et enjoint la Mairie de communiquer des chiffres «qui reflètent la réalité».
La Ville de Madrid dénonce une polémique politique. Il est vrai qu'à trois mois des élections municipales, Gallardón reste populaire dans la capitale, où son image de centriste est appréciée par les Madrilènes. La gauche a donc tout intérêt à occuper le terrain consensuel de l'écologie. Une campagne centrée sur l'environnement serait en tout cas une première en Espagne.
Par Mathieu de Taillac